« Like », « skip », « mute », « report »… Voilà les quatre réactions les plus courantes face aux messages de marques aujourd’hui. Entre les fake news, les algorithmes, la fatigue informationnelle et une défiance généralisée, on est face à une question de fond :
👉 La communication efficace, au sens classique, a-t-elle encore un impact ? Où est-elle devenue un bruit de fond ignoré ?

Nous vivons dans un monde surchargé : de contenus, de crises, de notifications. Chaque jour, un individu est exposé à plus de 10 000 messages publicitaires. Et parallèlement, la confiance envers les institutions, les marques et les médias traditionnels s’effondrent. Les professionnels de la communication et des relations publiques doivent donc relever un défi colossal :
Comment continuer à faire passer un message dans un monde où plus personne n’écoute ? Cet article explore les changements actuels de la communication, la perte d’impact des formats classiques, les clés pour une communication efficace et les pistes à explorer pour renouer avec un public blasé, méfiant, saturé.
Le grand désengagement : la communication efficace face au désintérêt
Trop de com, tue la com
L’infobésité est réelle. Nous sommes exposés à des milliers de stimuli visuels chaque jour : pubs, bannières, réels, notifications, newsletters, tiktoks…
Conséquence ? Le cerveau filtre automatiquement.
Les messages sont perçus comme du bruit. Même les campagnes humanitaires ou écologiques sont zappées. Le problème n’est pas que les gens ne se soucient de rien. C’est qu’ils n’en peuvent plus. Leur attention est saturée.

Crise de confiance, fatigue émotionnelle
Une étude Edelman Trust Barometer (2023) montre que moins de 40 % des jeunes adultes font confiance aux marques. Pourquoi ? Parce que trop de discours paraissent déconnectés de la réalité.
Greenwashing, pinkwashing, wokewashing… Les récupérations de causes sociales ou environnementales sont souvent perçues comme opportunistes.
“Chaque campagne sonne faux, car on sait qu’elle veut nous vendre quelque chose.”
Aujourd’hui, le public attend de la cohérence, de l’honnêteté, voire du courage. Il ne suffit plus de dire. Il faut faire, puis éventuellement communiquer.
Ce qui fonctionne encore : sincérité, expérience, silence
L’émotion brute, sans filtre
Certaines campagnes continuent à toucher – mais rarement celles qui coûtent le plus. Ce sont celles qui montrent la réalité, qui ne cherche pas à plaire à tout prix.

Sea Shepherd : Leurs visuels chocs (baleines ensanglantées, filets dérivants, océans pollués) provoquent un malaise… mais un impact réel. Pas de musique, pas de narration inspirante. Juste des faits bruts. Résultat ? Une explosion de visibilité, un engagement sincère, en bref, une communication efficace !
Moins de message, plus d’expérience
Le public ne retient pas ce qu’on lui dit. Il retient ce qu’il vit. un parfait exemple: Amnesty International, le but n’est pas de convaincre par des mots, mais de faire ressentir par l’immersion. Ce que l’on vit, on ne l’oublie pas.



Et si le silence était la nouvelle communication efficace ?
Certaines marques font le choix du silence ou de la rareté dans leur stratégie de communication.
Supreme, ZARA
Pas ou très peu de publicité. Pas de présence agressive sur les réseaux. Et pourtant : une forte attente, une fidélité extrême. Ce silence volontaire devient un outil puissant.
À l’opposé, certaines marques comme Balenciaga provoquent volontairement le malaise, avec des campagnes “cringe”. Le message ? “On préfère déranger que disparaître.”
Quand la com devient contre-productive
Le backlash des campagnes ratées
Certaines marques lancent des campagnes qui échouent non pas par manque de moyens, mais parce qu’elles semblent déconnectées des réalités du public, mal pensées ou trop artificielles. Elles donnent l’impression d’être conçues en vase clos, sans réelle compréhension du contexte social, culturel ou émotionnel dans lequel elles s’inscrivent. Résultat : elles suscitent l’indifférence, voire le rejet, au lieu de créer de l’adhésion.
Pepsi x Kendall Jenner
Une publicité censée promouvoir la paix et la solidarité, mais qui banalise les mouvements sociaux. Résultat : indignation, moqueries, retrait de la campagne.Les marques doivent comprendre qu’un message maladroit peut nuire plus qu’il ne valorise. Dans un contexte aussi sensible, l’erreur se paie cash. Plus d’informations sur ce sujet ? Consultez cet article: Pepsi x Kendall Jenner
L’évolution du rôle des relations publiques
Du porte-parole au médiateur
Longtemps, les relations publiques ont été perçues comme une simple fonction de transmission : le communicant diffusait des messages lissés, très contrôlés, parfois sans vraie émotion, vers les médias et le grand public. Il jouait le rôle de porte-parole officiel, garant d’une image parfaitement contrôlée.
Mais cette approche descendante est aujourd’hui dépassée. Dans un monde saturé d’informations, où la confiance s’effondre, le rôle du communicant évolue profondément. On ne se contente plus de relayer un message d’entreprise : on cherche à construire une relation de confiance.

Le professionnel des relations publiques devient médiateur. Il écoute, observe, comprend les attentes des parties prenantes (salariés, clients, journalistes, influenceurs, citoyens) pour ouvrir un dialogue sincère avec le public. Il ne vend plus une image : il gère une relation.
Son travail s’inscrit désormais dans un registre plus éthique et plus stratégique. Il doit naviguer entre transparence, responsabilité sociale, gestion de crise, réputation numérique, tout en maintenant une cohérence sur le long terme.
Ce rôle exige une capacité d’adaptation constante : savoir répondre en temps réel sur les réseaux, anticiper les polémiques, intégrer les valeurs sociétales dans la communication… Le communicant devient un acteur clé de la gouvernance, capable de conseiller la direction sur les prises de parole, mais aussi sur les silences stratégiques.
Bref, on passe du porte-voix au créateur de confiance. Et dans un contexte où le public attend moins de messages que d’actions, cette évolution est non seulement naturelle, mais indispensable.
Insight chiffré à retenir
Une étude de Kantar (2024) révèle que 71 % des consommateurs veulent que les marques fassent des choses concrètes avant de prendre la parole.
Conclusion : la com doit prouver avant de promettre.
Vers une communication plus efficace ?
Les nouvelles règles de la communication utile
- Ultra-ciblage : parler à moins de gens, mais mieux.
- Transparence : dire la vérité, même quand elle dérange.
- Cohérence : adapter son ton à sa mission réelle.
- Silence stratégique : se taire quand on n’a rien à dire.
- Partage de parole : laisser parler les parties prenantes (employés, clients, activistes…).
Conclusion : Peut-on encore toucher le public ?
Oui, mais pas comme avant.
La communication n’est pas morte, mais elle est en pleine transformation. Dans un monde où chacun est constamment sollicité, informé, voire surinformé, le public d’aujourd’hui ne veut plus être ciblé comme une « audience ». Il veut être respecté, écouté, impliqué. Le public ne cherche pas des discours creux, il attend des preuves. Ce qu’il attend, ce n’est pas qu’on lui parle, c’est qu’on le considère.
Ce n’est plus la voix la plus forte, ni la plus visible, qui capte l’attention. C’est celle qui résonne avec justesse. Celle qui touche, qui a du sens, qui fait écho aux préoccupations réelles des gens.
Faire de la communication efficace aujourd’hui, ce n’est plus imposer un message. C’est construire une relation, sur la durée, fondée sur la confiance. C’est avoir le courage de se taire quand il le faut, de parler vrai quand c’est nécessaire, et d’agir d’abord avant de raconter.
La communication de demain ne sera pas spectaculaire. Elle sera utile, humaine, alignée. Et c’est dans cette sincérité que se cache, peut-être, sa nouvelle puissance.

💬 Et vous, pensez-vous qu’il est encore possible de faire une communication vraiment utile et sincère aujourd’hui ? Avez-vous vu une campagne qui vous a touché récemment ? Partagez vos idées, exemples ou coups de cœur en commentaire – la discussion ne fait que commencer.
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